Portrait d’avocat : Frédéric Levade

• Quelles sont, selon vous, les actualités marquantes dans le secteur bancaire et financier ?

Le secteur bancaire se transforme sous l’accélération des évolutions sociétales, technologiques et réglementaires. On assiste à une digitalisation importante des activités bancaires et une
concentration (le Crédit Suisse au bord de la faillite vient d’être racheté par UBS). En parallèle, nous sommes confrontés à une cybercriminalité grandissante avec un contentieux important des fraudes aux investissements. L’essor du tout numérique modifie les relations et les opérations financières avec un encadrement et une protection juridique qu’il va falloir adapter à toutes ces évolutions.

• L’inflation et le contexte économique actuel ont-ils des répercussions sur les cessions de fonds de commerce ?

C’est surtout l’effet post-covid qui intervient actuellement et met sur le marché de la vente de nombreux fonds de commerce. Ainsi, en plus du cycle habituel, s’ajoutent les cessions d’entreprises ayant des difficultés à rembourser leur PGE, et les cessions d’entreprises motivées par la volonté de certains dirigeants de changer d’activité professionnelle, de secteur professionnel et / ou quitter une région. Nous sommes donc actuellement dans une période de transactions nombreuses avec mécaniquement un prix de cession qui est globalement inférieur à celui qu’il pouvait être avant les années 2020.

• Vous êtes associé dans un cabinet d’avocats regroupant plusieurs spécialités juridiques. Est-ce devenu une obligation ?

Je ne pense pas que cela soit devenu une obligation en tant que tel. En revanche, selon le secteur d’activité d’intervention cela peut devenir fortement recommandé. Aujourd’hui, le métier d’avocat est très différent selon que l’on exerce en conseil ou en contentieux, et en fonction des spécialités. Sauf à être ultra spécialisé, l’exercice dans un cabinet d’une certaine taille permet de répondre à tous les besoins du client. C’est une tendance actuelle qui devrait s’intensifier à l’avenir.

• 30% des avocats arrêtent la profession avant 10 ans d’exercice. Cela fait maintenant plus de 20 ans que vous êtes en activité, qu’est-ce qui peut expliquer votre attache pour la profession ?

Je vous avoue ne jamais avoir ne serait-ce qu’imaginé quitter le Barreau, le métier d’avocat me correspondant totalement. C’est un métier passionnant, enrichissant et en perpétuelle évolution. On est passé en vingt ans des bibliothèques avec des centaines d’ouvrages à des bases de données et moteurs de recherche accessibles de n’importe où. Avec l’intelligence artificielle le métier va encore évoluer, il suffit de voir l’entrée fracassante du programme informatique ChatGPT déjà utilisé par un moteur de recherches juridique du marché ou encore dans un concours de plaidoirie. Le métier est d’autant plus intéressant quand on a l’opportunité, comme je l’ai, d’avoir à la fois une activité contentieuse et une activité de conseil.

• Quelques mois après la fusion entre Chain et NMCG, quels sont aujourd’hui vos objectifs pour ce cabinet ?

Il s’agit de poursuivre le développement des synergies internes entre les différentes spécialités et de rechercher à étoffer les équipes dans les derniers domaines du droit des affaires peu représentés.

La poursuite de la recherche de l’excellence et de la satisfaction des clients passe également par l’augmentation du nombre de bureaux en province et notamment dans le grand sud-ouest dont je suis originaire.

• Pouvez-vous citer 3 mots pour décrire votre toute première journée en tant qu’avocat dans un cabinet ?

Excitation, découverte et ambition.

• Quelle rencontre professionnelle vous a le plus marqué ?

Sans la moindre hésitation, il s’agit de Bruno CHAIN. J’ai été son collaborateur pendant sept années puis son associé pendant huit années. Il m’a appris tous les aspects du métier d’avocat, et de part ses qualités tant professionnelles qu’humaines, il continue de m’inspirer encore aujourd’hui. C’était un homme remarquable, d’un intelligence et finesse rare qui était apprécié de tous ses confrères.

• Si vous devez donner un conseil à un nouveau collaborateur, lequel serait-il ?

Qu’il choisisse bien son domaine d’intervention en fonction de ses appétences car c’est un métier très prenant et chronophage. C’est une profession qui nécessite beaucoup de travail et d’investissement, donc il convient d’y prendre du plaisir sinon on ne peut pas tenir sur la durée, ce qui explique le nombre d’avocats quittant la profession.

• Comment résumeriez-vous votre activité en quelques mots ?

Elle est double. J’ai une importante activité en contentieux bancaire (responsabilité bancaire, acte de cautionnement, respect du devoir de conseil, etc.) et en contentieux financier. Par ailleurs, ayant fait une école de commerce avant mes études de droit, je me suis également orienté vers le droit des sociétés et des affaires. Par conséquent, j’interviens tant en conseil qu’en contentieux en droit commercial et en droit des sociétés. Concrètement, je m’occupe d’aider les sociétés dans leur vie juridique, de leur création jusqu’à leur cession ou restructuration. J’interviens par exemple dans la rédaction de statuts, de pacte d’associés, de contrats commerciaux ou intragroupes, de baux commerciaux, de contrats de cession / acquisition de droit au bail, de fonds de commerce ou de titres de société.